Une tradition ancestrale de l’accueil et une façade maritime ensoleillée ont coincé depuis longtemps le pays dans le marché du low cost touristique, là où il a de toutes évidences beaucoup d’autres choses à offrir. De la même façon, une vaste population d’ingénieurs s’est vue enfermée dans l’outsourcing, quitte à mettre en veilleuse l’innovation dont il aurait pu faire preuve. D’un coté comme de l’autre, l’imagination semble avoir eu le plus grand mal à trouver sa place dans une dictature, laissant comme seule alternative les approches industrielles.
La chute du régime de Ben Ali ouvre désormais la voie à d’autres approches, et laisse entrevoir à terme un potentiel économique aussi prometteur que le gisement d’un milliard de barils de pétrole récemment découvert dans le sud du pays. Si les perspectives à court terme pour le pays sont difficiles, le moyen et le long terme sont prometteurs.
Pays le plus connecté à internet du continent Africain, la Tunisie accueille une population d’ingénieurs nombreuse et fort bien formée, ajoutez à celà les plages sus mentionnées, et vous avez les bases pour en faire la Californie de la Méditerranée, ou, en pointant son regard dans une autre direction, la Silicon Valley du monde arabe.
L’esprit d’entreprise est sans nul doute présent, profondément enraciné dans la culture locale, il manque cependant pour en faire un pôle régional d’innovation plusieurs facteurs qui pourrait bien apparaître dans les années qui viennent.
Les investisseurs spécialisés dans le capital risque, tout d’abord, devraient rapidement réaliser les atouts dont dispose le pays pour non seulement contribuer à l’innovation sur internet, mais également adresser les marchés de l’Afrique et du Moyen Orient, soit une partie significative de l’humanité dont le taux d’équipement présente une marge de progression spectaculaire. La où le capital anglosaxon domine la Silicon Valley, celui en provenance du Moyen Orient pourrait bien y voir l’occasion de profiter, lui aussi, d’un formidable relais de croissance.
Les média spécialisés dans les technologies internet y sont encore balbutiants, mais néanmoins présents. Ce sont les seuls, par ailleurs, a avoir atteint une certaine maturité, similaire à ce que nous avons connu en France il y a moins d’une décennie, où les blogs techno régnaient sans partage sur la bloggosphère. Nul doute également que les géants du secteurs tels que Techcrunch ou Mashable réalisent rapidement que la Tunisie représente pour eux la porte d’accès à un énorme marché, celui de la langue arabe, qui a lui seul est un moyen de faire grimper en flèche leur audience et leur influence, offrant en retour une visibilité internationale aux meilleures startups Tunisiennes.
La Tunisie dispose enfin d’une position privilégiée de passerelle entre deux mondes, celui de l’occident, à travers la langue Française, et de l’orient, avec l’arabe. Un atout de plus pour faire des technologies et de l’innovation l’un des pôles majeurs de l’économie et du rayonnement international d’un pays qui, suite à la révolution, dispose désormais d’un prestige international.
Les nouvelles technologies, qui contribuent déjà à 10% du PIB de la Tunisie, sont en très forte croissance depuis plusieurs années. Il ne manque pas grand chose pour faire de l’innovation et de l’entreprenariat, au sein de ce secteur, un pilier du renouveau économique, là où l’outsourcing domine actuellement. Mais cette innovation a également le potentiel d’irriguer, outre l’économie, la culture, et surtout, la démocratie. C’est peut être là que se situe le territoire d’innovation où la Tunisie peut prendre une avance considérable sur la reste du monde, dont le modèle démocratique date de la précédente grande disruption technologique, celle initiée par Guntenberg.
Hello
Votre article est intéressant, je pense également qu’il y a un (grand) potentiel à exploiter. Néanmoins je pense que vous survolez trop rapidement le volet des capacités de nos ingénieurs aujourd’hui. L’innovation technologique a besoin d’audace & de créativité, Ben Ali a tué cela en asphyxiant l’enseignement tunisien.
Nos ingénieurs ou techniciens sont très bons en terme de connaissances mais manque d’autonomie créative. Il y a un gros travail à faire de ce côté, leur apprendre a voler de leur propres ailes et à batailler pour leurs idées… Il faut reconstruite notre système d’éducation en profondeur.
Le travail est à faire également du côté des patrons et des investisseurs comme vous le dites : il faut avoir confiance en ces jeunes et continuer à investir dans des idées même si certaines n’aboutissent pas.
Au final, comme en Californie, c’est l’investissement dans nos universités et la création de ponts avec le monde de l’entreprise qui feront la différence. C’est un travail de longue haleine à commencer maintenant!
On peut aussi imaginer des alternatives, ou plutôt des compléments au système éducatif (parce que le reconstruire, ça va prendre du temps). Les systèmes d’apprentissage de pair à pair au sein de communautés, ça marche très bien dans le milieu du logiciel libre, par exemple.
De ce que j’ai vu, il y a quand même un bon potentiel créatif, qui a certes été étouffé, mais lors du startupweekend à Esprit, il était bel et bien là.
Pour ce qui est des patrons, je n’ai pas l’impression que les grosses boites d’IT installées en Tunisie soient particulièrement à la recherche de profils créatifs débridés, ils cherchent plutôt la productivité, c’est autre chose. Pour ce qui est des investisseurs, là, c’est clair qu’il va falloir aller les chercher…
Le modèle Californien est séduisant, mais vouloir le copier est voué à l’échec, il faudrait trouver un modèle qui tire parti des atouts Tunisiens et minimise ses handicaps, ce qui est également, comme vous dites, un travail de longue haleine à commencer dès maintenant
Of course la copie conforme ne nous mènera à rien (vous aviez compris que c’était pour suivre votre parallèle avec la Silicon Valley!). Les compléments éducatifs : super idée.
L’état pourrait inciter par exemple les grands opérateurs téléphoniques à investir dans des labos de recherche, des ateliers dédiés à l’innovation notamment dans les régions hors Tunis. Les modèles de co-création sont effectivement porteurs et c’est peut être là un de nos atouts : le partage
Après il serait intéressant de faire concourir ces différents ateliers, pour faire rencontrer ces régions et inciter à la créativité.
Bref, sûrement plein de choses à mettre en place.
au fait merci à l’équipe pour ce blog. on avance!
Il y a un truc a faire entre les régions, c’est clair, l’idée du barcamp tour mais appliqué à l’échange de savoirs au sein de communautés NTIC, quelque chose comme ça… Il faudrait expérimenter