Les masochistes de mon espèce qui sous Ben Ali lisaient les journaux tels Assari7, savaient que plus ces torchons y mettaient du sien pour vanter l’indépendance de la Justice et le respect des droits de l’Homme, et plus la situation devait être critique.
D’une certaine manière, on avait appris par la pratique, à calculer l’ampleur de notre drame par le coefficient d’hypocrisie de ces journalistes. C’est pourquoi mes amis, lorsque ce même Assari7, 6 mois après la révolution, se remet à lécher les bottes de notre justice (voir ici) et qu’il se gargarise de la libération de ministres benalistes corrompus, c’est que ça pue sérieusement du mauve. C’est mathématique !
Plus mathéamique encore la fuite vers Paris de Saida Agrebi, la mama mauve, ex-présidente de l’organisation des mères de Tunis. Cette dame est mélée à des affaires de trafic d’influence, de corruption et de harcèlement d’opposants. Face au tollé qu’a suscité son départ, le ministère de l’intérieur a répondu ceci: « le voyage hors du territoire de la République est un droit pour chaque citoyen tunisien, tant qu’il ne fait pas l’objet d’interdiction émanant exclusivement de la justice ». Nous voilà rassurés: les juges passent l’éponge et les flics déroulent le tapis mauve…
Ces affaires démontrent encore une fois la persistance de collusions entre juges, police et anciens mauves, sous le regard (complice?) du gouvernement Sebsi. Mais Heureusement que les islamistes existent pour détourner l’attention…
l’islamisme au secours du mauve…
Parmi les sujets qui ont monopolisé une grande partie des débats, c’est l’émission du cheikh Mourou sur Hannibal TV. Il n’est pas nouveau qu’un religieux en plein mois de Ramadan fasse une émission télé pour flatter l’égo de notre islamité ancestrale. Ce qui est nouveau cette fois, c’est que le présentateur en question, Mourou, soit également un acteur politique de premier plan. Mais ce qui suscita la controverse semble plus être sa liaison avec la Nahdha, que sa simple stature politique (Le matraquage publicitaire de Chebbi n’a pas fait autant de bruit).
Attention, il ne s’agit pas ici chers amis de défendre Mourou ou de réduire la Nahdha à un acteur politique passif dont se jouerait les mauves. Pas du tout. Car au même temps que le mauve se décomplexe, les barbus avancent leurs pions: en plus de placer un des leurs sur Hannibal TV , ils continuent à brouiller le débat public en évoquant Israël, la restauration du Califat, ou encore la réinstauration de la polygamie (voir ici)…Bref tout ce qui peut effrayer le bourgois et faire jubiler le mauve…
Les barbus et les mauves: alliés objectifs
Pour les mauves, la peur que les barbus suscitent auprès de la bourgeoisie est une opportunité à saisir. La focalisation portée sur les islamistes (Ennahdha occupe à elle seule 22,9% de l’espace médiatique) occulte au passage les scandales mauves et alimente une véritable nostalgie pour la dictature de Ben Ali supposée être l’unique rampart contre l’intégrisme.
De l’autre côté, les islamistes profitent indirectement des mauves. Ils tablent sur l’indignation de la classe populaire de plus en plus révoltée par le retour en douce des anciennes pratiques. Ils n’ont pas besoin de se bouger le petit doigt: les maladresses du ministère de l’intérieur et la corruption des juges donnent de l’eau à leur moulin. La vraie question est de savoir si en plus de leur fans islamisés (impossible à chiffrer), ils sauront récupèrer électoralement la classe populaire indignée?
Conclusion
Si cette Révolution nous accule au final à un choix binaire entre barbus polygames d’un côté et mauves zabophiles de l’autre, alors nous ne sommes pas sortis du kaka. Si tel serait la triste conclusion du 14 Janvier, alors reprenons déjà le maquis…
Bon j’arrête, en plus c’est bientôt l’heure de rompre le jeûne. A cet effet je vous propose une nouvelle recette de mon cru:
…accompagné d’un bon rouge, c’est excellent!
* Le mauve, dénomination synthétique qui met dans le même sac plastique les ex-RCDistes, les juges, les flics et les notables qui ont sévit sous Ben Ali.
** Le barbu, dénomination synthétique qui met dans le même sac plastique, le parti nahdha et ses dérivés, du plus soft au plus hard, qui sans coordination, oeuvrent dans la même direction et vers les même intérêts politiques.
image d’ouverture CC de webtreats