Les révolutions victorieuses dans les pays arabes ont permis à certaines de ces sociétés une expression libre et créative hors du carcan des dictatures, à l’encontre des préjugés occidentaux qui n’imaginaient pas d’autres aspirations que la paix civile des dictateurs ou l’Islam radical. Les objectifs affichés de ces révolutions ont porté exclusivement sur la liberté et l’amélioration des conditions de vie. Pourtant après les élections en Tunisie et le succès du parti conservateur et religieux Ennahda se pose avec acuité la question de la cohabitation dans des démocraties en construction de partis islamistes puissants et de forces démocrates plus modernistes, majoritaires mais divisées. Toutes ces composantes sociales et politiques ont été brimées par la dictature et bénéficient de la transition démocratique dont elles sont les acteurs légitimes. Mais le populisme identitaire et religieux du parti Ennahda sera source de pressions incessantes sur la société civile et politique. Les difficultés sont nombreuses dans l’établissement de la démocratie et la Tunisie n’échappera à aucune.
L’Europe dispose d’une longue expérience de la transition vers la démocratie, tant elle a subi les dictatures. De la chute des fascismes au sud de l’Europe (Grèce, Espagne, Portugal) à la fin de la guerre en ex-Yougoslavie, en passant par la chute du mur de Berlin qui ramena à l’Europe et à la démocratie une dizaine de pays du bloc de l’Est, c’est une moitié des nations européennes qui ont fait dans les 40 dernières années l’expérience d’une transition démocratique. A la sortie des dictatures les pays européens ont eu à affronter des problèmes de même nature, même s’ils ne sont pas identiques à ceux que rencontre aujourd’hui la Tunisie : quelle constitution et quel système électoral ? Comment juger les criminels et comment traiter les personnels d’autorité de l’ancien régime ? Comment identifier et indemniser les victimes ? Comment redistribuer les richesses, lutter contre la corruption, comment réorganiser l’économie, la restaurer après la dictature et la révolution, comment maintenir un réel progrès social qui assure l’adhésion à la démocratie ? Comment assurer l’indépendance des médias ? Comment maintenir ou ramener dans le jeu démocratique les composantes conservatrices et nostalgiques, les composantes politiques plus radicales que démocrates ?
Les conditions d’exercice de démocraties fortes et stables concernent aussi bien la Tunisie que l’ensemble des pays européens. Leur appauvrissement relatif, qui a conduit l’Europe sous la contrainte du marché mondial à proposer des réponses technocratiques sans consentement populaire, génère un risque d’affaiblissement de l’adhésion à la démocratie.
Action Tunisienne et Initiative Citoyens en Europe proposent de partager ces expériences sur les deux rives de la Méditerranée avec des invités pour moitié tunisiens et pour moitié européens, lors de rencontres avec le public qui se tiendront le week-end du 26 et 27 novembre 2011 à la Bibliothèque Nationale de France.
Programme du colloque:
Samedi 26 novembre 2011 de 9h30 à 19h
- Archives, police politique, justice
- Un documentaire sur les archives policières, et la police politique en Tunisie, « Memory At Risk » présenté par Farah Hached (avocate, présidente de l’association « Le labo démocratique »)
- Jérôme Heurtaux (Maître de conférences en science politique, Chercheur à l’IRISSO)
- Antoine Garapon (Magistrat, Secrétaire Général de l’Institut des Hautes Etudes sur la Justice)
- Noureddine Hached (Président de la Haute Autorité de Protection des Droits de l’Homme )
- Martin Pradel (Avocat, Chargé de mission à la FIDH)
- Institutions, vie politique et débat religieux
- Ghazi Gherairi (Ancien porte-parole de la Haute Instance pour la Réalisation des Objectifs de la Révolution (HIROR) , Secrétaire Général de l’Académie Internationale de Droit Constitutionnel
- Gilbert Naccache (Écrivain et homme politique)
- Noura Borsali (Ancienne membre de la HIROR, journaliste, universitaire, essayiste)
- Marcela Ferrari (Historienne argentine)
- Samy Ghorbal (Journaliste, analyste politique, essayiste, auteur de « Orphelins de Bourguiba et héritiers du Prophète »)
- Développement économique et solidarité (décentralisation, micro-crédit et formation)
- Daniel Cohen (Professeur d’économie à Paris I Sorbonne et à l’ENS)
- Maria Novak (Economiste, Présidente-fondatrice de l’Association pour le Droit à l’Initiative Economique)
- Mickaël Cracknell (Co-fondateur de l’association de micro-crédit ENDA)
- Mohamed Ali Marouani (économiste)
Dimanche 27 novembre 2011 de 9h30 à 19h
- Nouvelles formes d’information et d’organisation
- Khelil Ben Osman (Cofondateur des sites fhimt.com et ch9alek.com)
- Bruno Marzloff (Sociologue)
- Nicolas Diaz (Responsable du système d’information à la FIDH)
- Ethique, journalisme, indépendance des medias
- Florence Hartmann (Journaliste, essayiste, ancien porte-parole du procureur du TPIY)
- Seweryn Blumsztajn (Journaliste, ancien membre de Solidarnosc)
- Noura Borsali (Journaliste, universitaire, essayiste)
- Riadh Guerfali (Fondateur du site nawaat.org)
- Les femmes tunisiennes
- Sophie Bessis (Historienne, ancienne Rédactrice en Chef de Jeune Afrique, Directrice de Recherche à l’IRIS)
- Fathia Hizem (Secrétaire Générale de l’Asssociation Tunisienne des Femmes Démocrates)
- Rania Majdoub (Association Unis-vers-elles – Ancienne tête de liste « Doustourna » France)
- Michèle Sabban (Vice-présidente de la région Ile-de-France)
- Société et citoyenneté
- Edgar Morin (Sociologue)
- Andrej Nosov (membre de Youth Initiative for Human Rights dans les balkans)
- Gilbert Naccache (Ecrivain et homme politique)
Un reportage photo du collectif tunisien Shutter Party sera projeté durant toute la durée du colloque http://www.shutterparty.com
Participation aux frais : 5€/les 2 jours
Réservation obligatoire : contact (@) actiontunisienne.com
JE M’INSCRIS
Accès : Bibliothèque Nationale de France
11 quai François Mauriac, 75013
Entrée : Hall Est
Métro : Lignes 6 (Quai de la gare), 14 et RER C (Bibliothèque François-Mitterrand)
Bus : Lignes 89, 62, 64, 132 et 325